J’ai toujours eu des lubies bizarres : comme être complètement réfractaire à certaines marques, refuser d’aller voir un film après avoir lu un livre, m’imposer des barrières qui me donnaient un semblant d’ordre et d’équilibre mental.
Si tu dis que tu n’aimes pas les chevaux, tu t’y tiens jusqu’au bout, tu ne monteras pas sur un dada.
Et puis, comme je n’ai aucun contrôle sur ma caboche, l’idée a commencé à germer quand mon quatrième PC a lâché l’affaire.
Enième crash, le slot de chargement soudé à la carte mère, un réparateur qui m’en demandait 300 boules (au moins), mon asus coûtait 800 euros en prix d’achat, j’ai dit niète.
Dans un autre magasin, on me parlait de perdre une deuxième fois ma vie virtuelle (chose qui est finalement arrivée) parce qu'on ne pouvait pas garantir que le réparateur n'allait pas remettre l'ordi aux paramètres d'usine et donc vider le contenu.
Pleurs intérieurs et détresse incommensurable.
A chaque fois que j’achetais un ordinateur, je me retrouvais, un ou deux ans après, avec un problème de batterie, de surchauffe, de lenteur terrible de la machine (dès l’achat je trouvais l’engin vieux, mais je m’accrochais, parce qu’il était présenté comme un milieu de gamme qui venait de sortir et que j’avais besoin d’un support informatique).
Je me suis battue avec des services après-vente pour récupérer des ordis qui ne me serviraient plus à rien, j’ai ragé, j'étais dépitée, j’en ai fait des cauchemars, j’avais le ventre noué à chaque allumage (est-ce qu’il va me faire le même tour de manège que son prédécesseur, décider de me foutre un écran bleu le jour où je dois rendre un travail important ?)(À tous les coups ça m'arrivait).
J’ai tué quatre ordinateurs portables comme ça, en huit ans.
Enfin, je ne suis pas seule responsable des meurtres, l’obsolescence programmée aidant, j’avais du renoncer à me dire que oui, un outil informatique pouvait durer plus de deux ans sans trop avoir de problèmes.
Je me voyais déjà comme un être à part, qui n'aurait d'autre issue que d'enchaîner les PC.
Du coup j'ai viré de bord et je me suis acheté un mac.
Autant vous dire que, niveau budget, on a un peu l'impression de se faire avoir, ma soeur signifiant justement qu'avec mes 1300 euros j'aurais pu m'acheter trois notebooks sans problèmes.
Oui mais non.
Depuis deux jours, je suis comme une gosse, je scie tout le monde sur twitter, je pense faire un album dédié à mon Macbook, lui ériger un autel.
La batterie dure 12h, encore plus que mon smartphone, le touchpad m'enchante au possible, j'ai l'impression de découvrir un nouvel univers bureautique que j'essayais d'éviter jusque-là.
J'aimais Apple pour ses ipods, jamais je ne voudrais d'Aïephone (quand tu touches un Samsung, c'est foutu), et pourtant j'ai fondu comme une débutante en voyant les bolides rangés comme des petits pains sur les présentoirs.
Ca me donnait faim.
La machine ne fait pas de bruit, on dirait qu'elle ne "réfléchit" pas, les pages se chargent à la vitesse de la lumière quand mon ancien paycay ramait. Il y a des pop up, des sons qui donnent envie de travailler dessus.
Et puis surtout, le format Air.
J'écris énormément (un jour, je vais pondre un bouquin), et je dois avouer qu'au niveau de l'ergonomie des poignets (je n'ai pas beaucoup de graisse pour faire "coussin" d'appui), plus confortable, c'est difficilement faisable.
Je comprends un peu plus maintenant ce qui lie tous les Appeuliens, la facilité d'utilisation, le silence, cette assurance d'avoir une machine un peu plus pérenne que la normale, plus puissante (dépend des réglages, s'entend) aussi et user-friendly.
En deux jours seulement, j'ai perdu la plupart des réflexes sur le PC de ma mère, je faisais des gestes inadaptés sur son touchpad, le demeuré d'Asus ne répondant en rien.
Un autre monde, une autre rive.
J'espère, je touche du bois, qu'il me durera plus longtemps que la moyenne de mes anciennes bécanes, et chose étrange, j'ai découvert qu'évoquer son Mac, c'est comme avouer qu'on fait partie d'une fratrie de gens béats.
Depuis que je l'ai, je ne compte pas le nombre de gens (oui, en 48h seulement), qui m'ont parlé du leur, de ce qu'ils aimaient, de tout ce qu'ils faisaient pour l'entretenir, le bichonner au mieux.
Sûr que si je m'étais acheté un PC on ne m'aurait pas dit d'entrée de jeu : "tu ne le regretteras pas, c'est de la bonne came" avec mirlitons et bruits de fanfare.
J'ai l'impression que les gens sont contents pour moi, c'est très étrange comme sentiment, alors que je n'ai acheté qu'un macbook air, ajouté un ordinateur de plus à mon panel.
Et comme une personne influençable, j'ai déjà pris le pli, je défends Apple quand on me demande si ça valait vraiment la peine d'investir autant d'argent dans un outil informatique.
Oui, ça vaut vraiment le coup/coût, je suis "gniiiih gnaaaah gnouuuh", conquise quoi, c'est fou.