Il y a des débuts de semaines qui commencent comme un boulet qui nous tire vers le bas et il n'y a rien à faire à part attendre d'avoir touché le fond tout en profitant du paysage marin à mesure qu'on coule.
Parfois ça prend deux jours, parfois moins, c'est alors que je me tourne vers ce qui me réchauffe et que j'aime.
Quand ça se passe couçi-couça, que le doigt de pied s'est cogné à l'armoire, que j'ai un mal de chien ou que le facteur m'a encore laissé un avis de passage, un sourire accroché au visage, je m'en remets au cocooning.
Je crois en la thérapie de la doudoune, qui consiste à toucher des pièces douces pendant toute la journée, à caresser un chat, à sentir son chien, à mettre sa veste à capuche aux contours de fourrure et à se sentir fondre comme des doigts qui s'évanouissent dans la douce matière.
Je me suis emmitouflée pour aller me balader un peu, sortir de chez moi et arrêter de penser à la paperasse.
Pour courronner le tout il faisait froid aujourd'hui, on sentait qu'on glissait tout doucement vers la saison des caribous, ni vu ni connu, ça éveillait en moi des envies de cookies mordus par la glace.
Cette saison, les gens s'habillent de plus en plus en kaki pour être à la mode, et je me dis chaque fois que plus la mode avance plus elle ternit le paysage la plupart du temps. Souvent.
Moi j'aime la couleur crème en ce moment. Et le vieux rose, ou même le parme clair, ce qui flatte le teint et donne envie de mousse sucrée et fondante.
Au fur et à mesure de la journée, je pensais à rentrer une fois que j'aurais réglé tout ce que j'avais à faire.
Je ne trouvais rien de ce que je cherchais dans les magasins, je perdais un peu plus mon temps, le retour devenait urgent.
J'ai repris le chemin de la maison tant que je pouvais encore échapper à la foule de fin d'après-midi.
Une fois arrivée, j'ai claqué la porte derrière moi, puis j'ai soufflé comme on se soulage.
Mon chien est venu poser se deux pattes sur mes genoux pour recevoir des caresses.
Il ne bougeait pas et me regardait avec des yeux coulés dans de la cire noire.
J'ai allumé une bougie, j'ai relancé le feu, puis j'ai souri.
Home sweet Home.